décembre 01, 2005

Carroll pour béquille

Un livre qui fait mal. Sénécal n'a d'autre choix que de construire sa fable contemporaine sur un classique de littérature aux effluves joyeuses et enfantines. Autrement, le lecteur tomberait dans un désespoir total après un chapitre et demi.

L'histoire se situe rapidement. Elle prend forme, de manière efficace, en présentant au lecteur les personnages de façon elliptique. Ils arrivent lentement, repartent rapidement. La mauvaise situation dans laquelle se fout Aliss empire de chapitre en chapitre.

Là où la fable enfantine est essentielle, c'est dans le cru des événements. Nous sommes tous conscients que des centaines de jeunes vivent réellement des histoires semblables (drogues, prostitution forcée, violence de rue), mais on dirait que pour en parler franchement et aussi ouvertement que dans Aliss, il est essentiel de prendre béquille ailleurs. De se donner une raison de visiter ces troublantes vérités.

Le caractère psychologique de la fugueuse est vaguement délimité, on a peine à croire à ses raisons. Un peu maladroitement, on sent que Sénécal avait une bonne idée mais qu'elle débutait l'histoire un peu drastiquement. Il fallait rendre le personnage (physiquement et mentalement) à cet endroit avant de débuter là où il avait imaginé son monde. Donc les premières pages passent rapidement, et les détails sont franchement manquants. Le lecteur doit se fier à l'auteur pour croire que la jeune fille a une motivation profonde.

Outre ces détails, je dirais que la lecture de Aliss est entrainante et violente. Ça fait mal, on n'en sort pas indeme. À lire de manière intéressée, mais pour un lecteur nouveau dans le monde de Sénécal, un livre à éviter. Sur le Seuil est bien mieux réussi, les personnages beaucoup mieux cernés.

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