août 07, 2007

Contrôle anti-dopage dans les films

Au voleur ! Qu'on habille les avocats, qu'on convoque les juges. Un crime a été commis. J'ai en ma possession une des preuves les plus accablantes. De quel crime s'agit-il ? Il s'agit d'une ignoble machination pour prouver une fois de plus la complaisance de certains idiots du cinéma. Quoi donc ?! Mais faut-il tout vous dire ? Un vol, oui, d'idées, d'images, de sons.

C'est le genre de réplique auxquelles je me serais attendu en sortant d'une salle où était projeté le film tant anticipé, 300. Images à quelques grains de la synthèse, photographie sombre et efficace, testostérone à profusion, muscles huilés et gorges déployées, sons de métaux s'entrechoquant. Tous ces éléments de la bande-annonce visaient autant les jeunes, les vieux, les gars, les filles. On visait haut et ça promettait de gicler fort.

On a juste oublié d'avoir une histoire. Et pour combler ce manque, le réalisateur et le directeur photo sont allés chez Blockbuster et ont loué Gladiator et LOTR. Question de se mettre l'odeur de la sueur au nez, le sable dans les yeux, les flèches dans les oreilles, les casques sur la tête. Franchement, comment les artisans de 300 croient-ils pouvoir copier les images de Gladiator (champ de blé où attendent femme et enfant, avec une musique pleurnicharde en arrière-plan; soldat imbattable super-musclé, huilé au maximum, épée à la main, en marge d'un peuple; montage de batailles rythmé, avec arrêts, à caméra rapprochée) et les personnages de LOTR (Gollum, qui tient ici un rôle de premier plan encore une fois en allié qui devient traître), et ce sans que personne ne s'élève pour le crier ?!

Je sais pas, mais ils ont réussi. Le monde entier se prosterne devant cette horreur du cinéma, plaisante pour l'oeil uniquement, et encore. J'adore, je vénère Ridley Scott, ce talent qui nous a donné cet inattendu Gladiator, qui nous a fait découvrir un Russel Crowe au sommet de ses formes. Je n'accepte tout simplement pas d'être dupé de la sorte, qu'on me réchauffe un classique pour en tirer le plus de fric possible.

Et pour ceux que j'entends déjà, ces enthousiastes qui me diront exigeant et trop attaché au détail, je réponds un gros d'accord. D'accord. Mais dans ce cas, si l'image est empruntée, au moins qu'elle serve à véhiculer une histoire originale, hors du commun, enivrante, à laquelle on veut s'accrocher, qu'on veut croire. Mais dans 300, c'est assez direct. On dirait même Fast and Furious tellement l'histoire est simple : un roi dont on ne sent pas la grandeur part en guerre avec 300 hommes (301, si l'on compte bien). Il sait qu'il mourra, ça lui a été prédit, il sait que l'armée adverse est des millions de fois plus forte, mais il veut monter ses muscles. Alors il part à la guerre, résiste un temps, et meurt. Inutilement, sans but, en gros jambon qui gueule comme il le fait tout le film durant. Et personne n'en sort grandit. Pendant ce temps, sa salope de femme couche avec tout le monde, se tape ses sujets et court dans les champs de blés. Ridicule ! Ajoutez à cette histoire pourrie quelques bibittes venues de l'espace, grosses comme trois hommes, avec une force surhumaine, et un petit personnage bidon rejeté pour sa laideur et son incapacité, puis le mélange est là pour un méga-succès qui générera probablement des suites. Triste. Mais j'avoue, la pochette est belle.